La Lutte des Indiens Navajo contre la Superpuissance des Etats-Unis

par Harald Ihmig

L'auteur est Professeur de theologie à l'Institut Protestant du Travail Social de Rauhes à Hambourg. Il a voyage à travers les Etats-Unis et l'Amerique centrale dans le cadre d'un semestre de recherche sur le terrain.

Un beau jour d'ete, deux rangers armes se presentent à la ferme isolee de la reserve Indienne en Arizona et confisquent les moutons du corral. Chris, le garcon qui s'en occupe, crie : "Ne touchez pas a ces moutons ! J'en suis responsable. C'est eux qui nous font vivre. Nous prendre nos moutons, c'est nous prendre notre vie." Comme il semble pret à "faire ce qui doit être fait pour empecher ces moutons d'être emmenes," les rangers l'emmenent lui aussi.

Ce n'est pas la premiere fois que les moutons ont ete enleves et Lawrence, l'oncle de Chris, a ete force à racheter son bien. Avant que nous ne nous endormions à la belle etoile, il me dit qu'il a deja paye $900 une fois auparavant dans les memes circonstances. Une somme astronomique pour des gens qui vivent du lait, de la viande et de la laine de leurs moutons qui arrivent malgre tout à trouver quelque chose à brouter dans le desert! Au moins, il peut s'estimer heureux de ne pas etre "reinstalle" de force, et sa maison rasee jusqu'au sol, puisque les Navajo ont soudain besoin d'un permis pour demeurer là où ils vivent depuis des generations, et où, comme ils le disent, "leur cordon ombilical est enterre". La reparation des maisons ou la constructions de nouvelles maisons est interdite depuis 30 ans dans tous les cas.

Le processus constistant à traiter les Navajo sur leur terre ancestrale comme des etrangers indesirables commenca avec la Loi sur le Transfert de 1974. Le titre officiel lui-meme, la "Loi sur le Reglement du Conflit Territorial Navajo-Hopi", montre que les Americains presentent l'acte d'expulsion comme la mediation bien intentionnee d'une dispute territoriale entre deux tribus Indiennes. Des frictions incessantes entre les Indiens Navajo et Hopi decoulant de la creation d'une reserve au Nord-Est de l'Arizona en 1882 sont en train d'etre reglees, selon cette version officielle, en divisant en deux la terre utilisee par les deux tribus à l'origine, avec l'approbation des deux conseils tribaux. Le Gouvernement Federal s'est autorise à depenser pres s'un billion et demi de dollars dans son role de mediateur desinteresse afin de permettre aux habitants residant dans la mauvaise moitie de se reinstaller ailleurs sans douleur. Apres que la Loi sur le Logement de1996 ait donne aux habitants inflexibles la chance d'obtenir le droit de rester là pendant 75 ans, l'operation pourrait être consideree comme terminee. S'il n'y avait pas ces traditionnels "Dineh", ainsi que se nomment les Navajo, qui ne cedent pas, qui considerent la terre entre les quatre montagnes comme sacree et qui ont acquis tout au long un melange colore de partisans. Ils m'ont raconte une histoire entierement differente. Certes, en lisant la version officielle, on rencontre des choses qui ne cadrent pas avec d'autres. Des dizaines de milliers de blancs aux Etats-Unis ont- ils jamais ete obliges à se reinstaller ailleurs par suite à des conflits de propriete ? Si les Hopi s'installent dans des villages sur les hauteurs, cultivant des cereales dans les champs environnants, et si cete region autour des Mesa leur a dejà ete donnee en tant que District 6 pour leur usage exclusif, tandis que les Navajo font paître leurs troupeaux par des familles eparpillees à travers les vastes basses-plaines, comment est-il possible qu'ils se disputent la propriete de la terre ? Pourquoi, dans une region en principe utilisee par les deux tribus, plus de 12.000 Navajo doivent-ils être transferes, contre seulement quelques centaines de Hopi ? Pourquoi les conseils tribaux approuvent-ils des reglementations boycottees par par leurs aînes et en appel devant les tribunaux et commissions internationales ?

Chris me conduit le long de sentiers à se rompre le cou afin d'aller rencontrer ceux qui refusent de bouger, se proclamant obstinement la "Nation Souveraine Dineh". Chris a lui-même vecu un certain temps à Phoenix, a appris l'anglais et s'est un peu distance des coutumes traditionelles: il ecoute de la musique moderne et choisit lui-même ses amies. Cependant, lorsque nous atteignons Pauline Whitesinger et Kee Watchman, même les jeunes obeissent à l'estime de soi et a l'autorite sans pretention que ces personnages degagent. Ils decident de ce qui sera dit et quand, et ils donnent le rythme de la reunion, y compris les pauses durant lesquelles rien n'est dit. Pauline, indifferente aux interdits, est en train de construire un hogan, l'une de ces maisons traditionelles d'argile et de bois, fraiches en ete, chaudes en hiver, peu avenantes de l'exterieur, confortables a l'interieur. "Nous, les Hopis et les Dineh, nous etions bons voisins", dit Kee Watchman, "et nous nous sommes maries entre nous. Nous avons la même religion: nous avons herite de la Terre et des elements de la nature. Les rangers furent les premiers à dresser les gens les uns contre les autres. Maintenant il n'y a plus de reunions communes." Pour lui, il n'y a pas de conflit territorial Hopi-Navajo. Ensemble, ils ont utilise et sont passes sur cette terre depuis des temps immemoriaux. Depuis le debut, les Dineh et les Hopi traditionnels ont lutte contre la division des terres et la reinstallation. Les lignes de conflit ne passent pas, comme la puissance post-coloniale l'aurait voulu, le long d'une frontiere tribale entre les natifs rebelles à present delimitee par une barriere en fil de fer barbele de plus de 400 km de longueur. L' Ancien Hopi Thomas Banyacya le confirme, "Les Navajo aident les Hopi à prendre soin de la terre. Nous ne volons pas qu'ils partent. ceci est leur terre sacree aussi." Contre qui la femme et l'homme "à l'ancienne" veulent-ils proteger leurs terres ?

Lorsqu'on prend le temps d'etudier l'histoire du conflit, il devient evident que les disputes ont une facon etrange de s'accumuler aux environ de l'apparition dans les annee 50 du juriste Morman John Boyden, embauche par le clan dominant mormonise Sekaquapteewa, qui reactive le conseil tribal Hopi et met en marche en son nom une serie de proces, de contrats et de lois. Boyden introduit des elements qui sont soigneusement passes sous silence dans les documents officiels : il represente egalement la Peabody Compagnie de Charbon, une compagnie dont l'eglise Mormone possede 8 pour cent. En 1966, il obtient un bail de 36 ans. Black Mesa, la partie Nord de la reserve, est la plus grande exploitation miniere à ciel ouvert au monde avec un depôt de charbon pauvre en souffre evalue à 20 billions de tonnes. La location à bail de la terre est rendue acceptable pour le conseil tribal par des reglements annuels d'environ 50 millions de dollars. A present, Peabody pompe 5 billions de litre d'eau pure hors du sol dans le but de diriger à bon marche les depôts de charbon vers la centrale electrique Mojave à 280 miles de là afin d'alimenter les immenses demandes en energie de Las Vegas et de la Californie du Sud.

Fougueuse, Katherine Smith, femme agee de Big Mountain, au coeur de Black Mesa, nous explique comment les habitants voient les choses: "je vis à environ 30 miles de la mine de charbon Peabody, où ils nous ont entoures d'une clôture. D'apres la loi, nous sommes en prison. Nous ne pouvons pas reparer notre maison, meme lorsque les fenetres cassent. Nous ne sommes pas autorises à le faire puisque c'est contre la loi, contre le drapeau. Et notre maison est si vieille que tous les planchers tombent en morceaux, et tout ca à cause de la mine. Vous savez, ils font sauter le sol à la dynamite si bien que les maisons en tremblent. Nous avons encore des moutons, un cheval, une vache et une chevre. C'est de ca que nous vivons. De bons eleveurs peuvent vivre de leurs moutons, de leur laine. C'est comme ca que nous trouvons l'or pour acheter notre nourriture et notre essence, et c'est comme ca que les gens de Washington D.C. essayent de nous avoir. Ils mettent nos moutons dans l'enclos avec le cheval et la vache et ils n'ont plus le droit d'en ressortir. S'ils s'echappent, ils nous les prennent. Ils appellent ca une 'confiscation' et nous sommes obliges de racheter nos animaux." Et les pelles et bulldozers ne s'arretent pas plus devant les emplacements funeraires ou les sites sacres.

La resistance des Dineh et Hopi traditionnels n'a pas ete dirigee seulement contre les effets de l'exploitation du charbon, mais aussi, des le depart, par l'exploitation en tant que telle. Deja en 1970, les chefs Hopi expliquaient : "la cupidite de l'homme blanc pour les possessions materielles et le pouvoir l'a rendu aveugle aux souffrances qu'il inflige à Notre Mere la Terre en recherchant ce qu' il appelle les ressources naturelles... Aujourd'hui la terre sacree sur laquelle vivent les Hopis est violee par des gens qui veulent le charbon et l'eau de notre sol dans le but de produire d'avantage d'energie pour les villes de l'homme blanc. Ceci ne peut plus continuer, car Notre Mere la Nature va reagir de telle facon que presque tous les humains verront la fin de la vie telle que nous la connaissons."

En plus des consequences ecologiques -- la pollution de l'air, la baisse de nappes phreatiques, les sources polluees-- et l'intrusion dans la relation religieuse avec la terre, vinrent le harcelement delibere, qui devait rendre la vie difficile aux Navajo restants: l'interdiction de la construction et de la reparation, la confiscation des troupeaux, et l'emprisonnement selon la volone des troupes paramilitaires de rangers.Ce n'etait pas la premiere fois que les Indiens eurent la chance discutable de voir leurs terres desertes apparemment sans valeur soudain devenir precieuses, soit pour leur richesse en charbon, en uranium ou en eau, soit par leur emplacement ideal pour un observatoire, soit comme une zone de tests nucleaires. John Boyden, qui a lui-même gagne des millions dans cette affaire, represente ce qui peut etre considere comme une coalition de profiteurs, regroupant parmi eux une part d'Indiens assimiles. Ils beneficient d'une protection politique. Lorsque ce contexte est reconnu, le conflit presume des terres Navajo apparait comme un conflit dans lequel l'exploitation commerciale de la terre est imposee en depit de ceux de ces habitants pour qui la terre est sacree et qui veulent veiller sur elle. La Loi du Transfert de 1974 ne fait rien pour rendre ce transfert visible. Boyden utilise les services d'une compagnie de relations publiques basee comme lui à Salt Lake City qui mene une vaste campagne, sans reculer devant la propagation de faux renseignements, qui reussit à propager publiquement l'image de violentes hostilites permanentes et la menace d'une guerre des patûrages. En d'autres termes il invente le Conflit Territorial Navajo-Hopi. L'embargo sur le petrole arabe et un desir hysterique d'autosuffisance aux Etats-Unis exerce une pression pour l'obtention de ces ressources. Contre ce contexte, la "mediation" de 1974 peut être interpretee cmme le projet fatal --fonde sur l'impôt-- de purger la region d'implatation de Black Mesa de ses habitants qui empêchent le developpement commercial. "Le Gouvernement des Etats-Unis pense que nous ne sommes rien. Nous n'avons aucun droit. Nos chefs ne protegent pas nos droits--au nom du profit. Ils nous sacrifient, tout simplement," s'insurge Maxine Kescolli.

Cependant, l'affaire des expulsions legalisees ne marche pas aussi bien que prevu. Un an plus tard, lorsque la ligne de demarcation determinee par la loi est tracee, Katherine Smith s'empara de sa carabine et demonta la clôture toute seule. En1986, la majeure partie des Dineh demeura sur la Terre Partagee des Hopi, et le President Reagan s'interposa personnellement pour empêcher l'image affreuse, inoubliable de la deportation forcee des personnes âgees et de leur famille en presence de 2000 partisans, l'image d'une "grand-mere Dineh de 70 ans ouvertement impliquee dans un conflit arme avec les forces armees des Etats-Unis", comme l'un des opposants en fit la caricature. En remplacement de cela, un processus long et fatiguant fut mis en action afin de donner à la mesure forcee menacee l'aspect d'une decision volontaire à travers un compromis. Ceci aboutit à un Accord sur le Logement et sa ratification legale avec la Loi sur l'Implantation de 1996. Ceci permit aux Dineh obstines de s'assurer la jouissance de leurs terres pour 75 ans en signant un bail avec option de renouvellement, mais le bail limite les zones d'habitation (1.2 hectares), les terres arables, la taille des troupeaux de bovins et oblige l'expansion des pâturages, le ramassage d'herbes medicinales et du bois, et la visite des sites sacres, a dependre de permis.

Les Dineh sont aussi soumis à la juridiction Hopi civile et criminelle à laquelle ils sont habitues. Peu d'entre eux signeraient volontairement un tel contrat; une assemblee de Dineh a rejete l'accord par un vote de 207 contre 1. "Nous ne voulons pas de quelqu'un pour nous superviser pendant que nous chantons nos prieres. Nous voulons la paix et l'harmonie. Nous voulons être libres sur nos propres terres pour faire ce que le peuple sacre qui nous a conduit ici nous a donne à faire. Nous voulons que nos enfants grandissent en se sentant chez eux ici. Nous voulons que nos racines et notre semence soit ici. Nous voulons que notre clan vive ici de generation en generation. Nous ne voulons pas perdre notre identite. (Avery Denny, homme medecin, Dine'h College, Tsaile, Arizona).

Confrontee à cette facon de penser avisee convrant des generations, la vieille technique de pacifier individuellement ceux qui sont immediatement concernes ne va pas loin. Les signatures ont souvent dû être recueuillies avec de grands efforts de persuasion, generalement renforces de represailles croissantes, afin d'être acceptees comme un moindre mal. Afin d'eviter l'oppression et le transfert force imminent, la plupart des Dineh finirent par signer ou par choisir un transfert "volontaire" avant le delai impose du 31 Mars 1997 . Contrairement aux promesses faites, une minorite de ceux qui furent transferes le furent sur des terres de valeur egale, beaucoup le furent dans un environnement urbain qu'il ne pouvaient pas affronter, ou même dans la region qui entoure le Rio Puerco (denommee "les Nouvelles Terres"), contaminees en 1979 par la pollution radioactive la plus forte de toute l'Amerique (Church Rock, deversement d'un barrage de dechets d'uranium).

A la grande frustration des avocats d'une solution simple, tout le monde n'a pas suivi. En depit du succes quantitatif d'une strategie composee de pression et de promesses, le petit groupe restant de ceux qui demeurent sur place se revele être un probleme qui pourrait devenir embarrassant. Leur refus de ceder interfere avec la solution du probleme qui est la disparition progressive de ceux qui sont concernes. De plus, ils representent ceux qui sont expulses, parmi lesquels plus de 12.000 sont enregistres, estimes jusqu'a 30.000, et empêchent l'injustice qui leur est faite d'être etouffee. Ils amenent le conflit culturel à un point de convergence. Le dur noyau de leur resistance se revele être leur religion. C'est ce qui les empêche de se rendre devant la pression quotidienne qui les pousse à abandonner ou même à se joindre au profit.

Par consequent, ce n'est pas par coincidence que leurs affirmations concernant la violation de droits civils par les Etat-Unis se concentrent sur l'intolerance religieuse, bien qu'il se plaignent egalement l'atteintes à leurs droits ecologiques, sociaux et politiques. La resistance inflexible des Dineh traditionnels et de leurs nombreux partisans a eu un succes etonnant au debut de fevrier 1998 en provoquant la visite sur place de Abdelfattah Amor, le correspondant special de la Commission des Droits de l'Homme des Nations Unies. En tout cas, ce fut la premiere fois que les Etats-Unis furent soumis à une telle enquête sur leur propre sol. Il est douteux que l'ONU se resolve à engager une bataille avec les Etats-Unis au sujet des violations des droits civils. Cependant la version officielle qui presenterait le Conflit Territorial Navajo-Hopi en train d'être arbitre avec sagesse par le gouvernement tiendra difficilement devant le nouvel examen public. La delegation d'importants organismes non-gouvernementaux, comprenant le congres mondial des eglises, le conseil national de l'eglise et l'Eglise Methodiste Unie, qui furent temoins des rencontres avec les anciens Dineh, jouera aussi son rôle. Kee Watchman, l'un des interlocuteurs Dineh, s'oppose radicalement à l'interference du gouvernement federal et à sa propre "autonomie" de maniere concise: "Les conseils tribaux sont crees par le gouvernement. Nous les rejetons, puisqu'ils introduisent des lois faites par des humains."

A ses yeux, les eglises ne valent guere mieux puiqu'elles se concentrent sur l'assimilation,en particulier les Mormons, qui, selon les rumeurs, ont vole des enfants Indiens afin de changer leur education. Maintenant, quelle est la loi non faite par les humains qui est suivie par ces Indiens traditionnels?" En tant que Dineh, nous voyons les choses comme un tout," est la description choisie par Avery Denny. "Nombreux sont ceux qui appellent cela une 'attitude primitive ' ou une 'attitude de sauvage', mais ceci est notre intelligence: entrer dans des relations mutuelles avec la nature et les elements, avec l'energie de ces differentes creations, les ressources naturelles que nous avons... Nous croyons encore à l'ordre cosmique et naturel de la vie, qui nous guide et dirige notre vie, et nous l'appelons 'la loi naturelle'... C'est ainsi que nous respirons, c'est notre croyance, qui nous donne la vie. Si cela n'etait pas fait pour cela, l'air serait mort. L'eau que nous buvons, cela est notre croyance. Et la nutrition, le pollen que nous prenons et mangeons, cela est notre nourriture, et cela est notre medecine. C'est comme cela que nous restons en bonne sante, c'est notre bien- être. Et puis, le feu, la lumiere que nous avons, la lumiere du soleil, le feu qui brûle dans nos hogans, repesentent notre patrie."

Même l'Ancien Hopi Thomas Banyacya ne se laisse pas manoeuvrer par le Conflit Territorial Navajo-Hopi. Bien que son propre conseil tribal soit enchevêtre dans la coalition des profiteurs, il peut distinguer la veritable autorite et la force conductrice culturelle du conflit: "Le Grand Esprit nous a fait les administrateurs de cette terre. C'est de cela que nos prieres et ceremonies s'occupent. Vous, par contre, vous empoisonnez et violez et detruisez la terre avec votre exploitation de charbon, l'extraction d'uranium et les centrales electriques -- toutes sur la terre sacree ! Et vous essayez de chasser les quelques derniers Indiens afin que rien de fasse obstacle à ce commerce sordide... Il n'y a pas de conflit territorial Hopi-Navajo. Il n'y a que la cupidite sans limite de l'homme blanc. Nous, les traditionnels, ne reconnaissons pas les conseils tribaux Hopi et Navajo etablis par votre gouvernement tels des fantoches de facon à vous faire ceder par ecrit votre terre. Et tout cela parce que les compagnies d'energie veulent le charbon et particulierement l'uranium pour fabriquer des armes nucleaires. L'homme blanc est celui qui doit partir."

Ce conflit territorial organise me semble l'entreprise fatale qui tente de remplacer ce sentiment d'appartenance par le concept de la propriete. Le chef Hopi Martin Gashweseoma a rendu tres clair le sujet de la discussion : " Chacun devrait savoir que ce ne sont pas les Navajo qui nous prennent notre terre mais les Etats-Unis. Les Hopi et les Navajo ont conclu la paix il y a longtemps et ont scelle leur accord avec un 'sachet-medecine'. A travers les gouvernements fantoches, les conseils tribaux qui nous sont imposes par les Etats-Unis, l'illusion d'un conflit a ete cree sur la base d'un faux concept moderne du titre foncier." Boyden, avec sa conception juridistique de la propriete signifiant la disposition exclusive et totale, et sa strategie d'appropriation legale, commenca ce conflit, et avec lui un jeu sordide que les perdants et les gagnants continueront de jouer jusqu'à ce que tous aient perdu. Les Etats-Unis affirment qu'eux-même ,et non pas les Indiens, sont les uniques proprietaires de la terre et les degradent feodalement au rang de simples locataires à qui la terre peut être cedee ou retiree selon leurs propres intêrets. La coalition des profiteurs rabaisse la terre au rang de ressources commercialement exploitables, sans egards pour les habitants humains ou animaux qui y vivent.

Un petit groupe de Dineh resolus se bat contre les Etats-Unis, une puissance mondiale. En faisant cela, ils representent plus que la demande d'autonomie d'une petite minorite. Le lien religieux de ces anciens croyants en une terre qui doit être gardee sacree est fondamentalement opposee à l'autorisation d'evaluer la terre strictement selon sa valeur marchande et le principe de l'exploitation illimitee. Même si elle comprend des droits religieux, sociaux et economiques, une idee et une organisation moderne des droits de l'homme peut-elle proteger où même garder en vie une culture indigene telle que celle des Dineh ? Voilà l'enjeu. L'appel à l'aide de ces peuple, qui ne luttent pas seulement pour leur survie, mais pour la survie d'une autre forme de coexistence de la terre et de l'homme, merite de ne pas retentir sans être entendu.

Janvier 2000. Ihmig, Harald.

Hambourg, Allemagne.

Tous droits reserves.

Publie avec la permission de l'auteur.

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